Robert, mars 2013, retour sur un parcours semé d'embûches après une première implantation en 2006.
Sur ce forum, nombreux sont les témoignages de satisfaction prouvant, s'il en était besoin, l'apport bénéfique de cette technique médicale aux sourds que nous sommes.
Il est toutefois regrettable que ne s'expriment que trop rarement les implantés qui n'ont pas obtenu les résultats escomptés.
Afin de combler cette lacune et rappeler qu'une intervention chirurgicale n'est jamais anodine - d'autant plus quand celle-ci est irréversible - voici ce que j'ai vécu depuis décembre 2006 jusqu'à ce début d'année 2013.
Depuis de nombreuses années, je souffrais d'un déficit de plus en plus accentué de mon audition. Au fil du temps, les consultations chez mon oto-rhino s'enchaînaient, les aides auditives externes également. De plus en plus sophistiquées mais hélas, sans résultat probant. Bref, un parcours hélas commun à beaucoup d'entre nous.
La découverte en 2005, sur le site du CISIC, de l'implant cochléaire m'a redonné espoir. Les excellents contacts noués, au travers de l'association, m'ont bien vite convaincu de m'orienter dans cette voie possible.
Après avoir satisfait aux examens et entretiens préalables, je fus implanté, à l'oreille gauche, le 14 décembre 2006, au CHU Central de Nancy, avec un Digisonic de Neurelec.
Début janvier 2007, premier essai, à vrai dire peu concluant mais j'entends de nouveau, à défaut de comprendre. C'est donc un progrès qui, dans un premier temps me satisfait. Les réglages vont alors se succéder, nombreux. D'autant que quelques heures après chaque séance, les sons s'amplifient, déclenchant de violents acouphènes. Ce qui m'oblige à revoir très souvent mon audiométriste.
Les mois s'écoulent, ponctués de fréquents déplacements de mon domicile à Nancy (150 km AR) et de multiples séances de rééducation orthophonique sans beaucoup de progrès dans la compréhension sans l'aide de la lecture labiale.
Il en ira ainsi jusqu'en fin 2008. Période où je passe entre les mains expertes de Madame le Professeur Parietti. Laquelle me soumet à différents contrôles, dont un scanner Cone Beam qui révèle un mauvais parcours chirurgical et une implantation partiellement hors cochlée. Ce qui paraît expliquer les difficultés rencontrées.
Tout est donc à refaire.
Le 24 avril 2009, retrait de l'implant, remplacé par un appareil de même type et de même marque. Et là, contrairement à la première intervention qui avait engendré un fort épanchement sanguin tout au long du cou et des vertiges importants, cette fois tout est parfait, sans séquelles désagréables.
Le cycle repart avec un premier réglage du nouveau processeur. Réglage qui sera suivi de beaucoup d'autres car le même phénomène que précédemment se reproduit : amplification du volume des sons, acouphènes, etc. Le nerf acoustique, la cochlée peut-être, ont probablement été lésés lors de la première intervention.
Une dernière possibilité m'est alors offerte : Réaliser une troisième implantation, à l'oreille droite cette fois. Après un entretien avec le Professeur Parietti et une courte réflexion, j'opte pour cette solution.
L'implant sera cette fois un Nucleus 810 de chez Cochlear. L'intervention a lieu le 9 octobre 2010. Tout se passe encore parfaitement, toujours sans séquelle au réveil. Quelques jours plus tard, de retour à la maison, un soir, je ressens des vertiges violents, entraînant plusieurs chutes. Ma vision devient instable, les images tournoyantes. Une période de repos et une mise sous traitement d'antivertigineux me permettront de me rééquilibrer quelque peu. Suffisamment pour me rendre au désormais traditionnel premier branchement.
Et ce dont j'avais tant rêvé se produit. J'entends parfaitement et je comprends, en grande partie, les mots que m'adressent l'audiométriste, mon épouse, et un commercial de chez Cochlear. Et le miracle (pour moi c'en est un !) va durer plusieurs heures.
Mais le répit sera bref avant que mes acouphènes ne reprennent leur musique lancinante et ne perturbent à nouveau mon audition. Toutefois, une constatation s'impose : je supporte beaucoup plus aisément ce nouvel implant. Les rendez-vous de réglages vont s'espacer, même si j'éprouve de grandes difficultés pour exploiter de façon optimale le potentiel de ce Nucleus.
Je m'adapte au mieux de mes possibilités. Jusqu'au 29 janvier 2013, jour où mon implant arrête de fonctionner. Remplacement de divers accessoires en ma possession (batterie, fil d'antenne) sans résultat. Prise de contact par courriel avec le SAV de Cochlear. Sur les conseils de ce service, achat et changement d'antenne. Sans plus de succès. Le service audio de Nancy, informé, me fixe un rendez-vous quelque temps plus tard avec une technicienne de Cochlear pour établir un diagnostic. Qui tombe rapidement : la partie interne est responsable de ce non fonctionnement.
Le 6 mars, un entretien avec le Professeur Parietti me confirme l'information. Et me propose, comme il est d'usage, qu'elle se tient à ma disposition pour procéder au retrait de l'implant défaillant et à son remplacement.
Renseignements pris, il semble qu'une série d'implants de cette marque soit concernée par ce grave problème. D'autres implantés sont également concernés.
Ma décision est prise rapidement. Elle sera négative. Pour plusieurs raisons. En premier lieu, je crains maintenant que l'intervention n'aggrave mes déséquilibres et mes troubles visuels. De plus, j'ai omis de le mentionner plus avant, je suis âgé de 77 ans et cela joue évidemment en ma défaveur. Pour en terminer, j'ajoute que je ne me vois pas repartir pour un quatrième cycle de rendez-vous de réglages, même si l'équipe audio du CHU est toujours très disponible et bien à l'écoute de ses patients.
La lassitude et les kilomètres accumulés - près de 100 déplacements de 150 km AR depuis 2006, dont les frais demeurent à ma charge, la CPAM des Vosges dont je suis ressortissant, n'ayant pas accepté le protocole d'accord proposé par mon médecin traitant - ont eu raison de mon obstination.
Mon implant gauche, réactivé à minima, me permet de demeurer dans le monde des sons. Ce qui n'est pas anodin. Je saurai m'en contenter.
Vous qui me lisez, ne prenez pas ce qui précède pour une mise en garde contre l'implantation cochléaire. J'ai côtoyé des personnes implantées, parfaitement à l'aise dans le milieu des entendants. Et même si les conditions d'exploitation de l'implant ne sont pas toujours optimales, l'apport de cette technique est appréciable malgré ses contingences.
Mais quand la malchance s'en mêle...