Ma surdité a commencé par des acouphènes à l'âge de 14-15 ans. Ce que je ne savais pas à cette époque, c'est que ce n'était que le début de mes souffrances. Je suis atteint du syndrome de Ménière. La maladie s'est déclarée au début de l'année 1989. Elle a duré environ 10 ans. Elle m'a totalement privé d'audition côté droit, j'ai subi d'innombrables crises de vertiges et d'acouphènes. Puis elles se sont espacées.

 Bruno

 

Au début des années 2000, des crises de surdité se sont déclarées sur mon oreille gauche. Avant mon implantation, mon quotidien était devenu très compliqué. J'étais sourd profond de l'oreille droite et truffé d'acouphènes dans l'oreille gauche, le tout accompagné d'épisodes de vertiges et de surdité. Je ne pouvais plus du tout communiquer avec mon entourage. Mon épouse devait prendre tous mes rendez-vous et faire le lien entre mes interlocuteurs et moi. Bref, pas simple comme vie !

Plus aucun traitement médical ne soulageait les crises de surdité, mon médecin ORL m'a donc parlé de l'implant cochléaire. J'avoue que je n'en avais jamais entendu parlé. Dire que je n'ai pas hésité une seconde à me faire implanter serait mentir. J'ai, bien entendu, longuement hésité. Je me suis documenté sur internet. J'ai obtenu des témoignages via le CISIC, de personnes implantées qui, comme moi, étaient atteintes du syndrome de Ménière et m'ont expliqué quel était leur quotidien avec l'implant. J'ai pu rencontrer une personne implantée. Ceci fait, cela a été très vite une évidence, je n'avais rien à perdre et tout à gagner en termes d'audition. Je me suis donc lancé dans l'aventure...

 

Je me suis fait implanter au CHU d'Angers les 19 et 20 novembre 2018. Il y a eu, auparavant, toute une batterie d'examens médicaux (VNG, Anesthésie ,etc.) J'avais obtenu une réponse 6 mois plus tard à propos de mon éligibilité à être implanté. L’opération s'est parfaitement bien passé.

Le jour de l'activation de mon implant est gravé à jamais dans ma mémoire. Avant tout, je me dois de préciser que le CHU d'Angers a une particularité : il est l'un des rares à activer l'implant dès le lendemain de l'intervention chirurgicale. Cela peut paraître précipité, mais  personnellement, cela ne m'a causé aucun problème particulier. La surdité  de mon oreille droite datait de 20 ans. Le fait de réentendre à nouveau un son dans cette oreille a été une énorme bouffée d'oxygène. Fini le silence stressant du quotidien, enfin le plaisir de pouvoir communiquer, bref, de vivre !

 

La rééducation auditive s'est déroulée chez une orthophoniste spécialisée ainsi que dans un centre spécialisé appelé CERTA (Centre d’Évaluation et Réadaptation des Troubles de l'Audition). Ce centre propose des séances de rééducation auditive, des réglages d'implant, des séances avec un ergothérapeute pour le bon fonctionnement et l'entretien du processeur, des informations administratives, comme sur le dossier MDPH et tous les droits auxquels on peut prétendre et enfin, l'assurance de l'implant et du processeur.  Il m’a aussi fait connaître le CISIC. Cela m'a été d'une grande aide.

La rééducation a duré un peu plus de 6 mois, à raison de 2 séances de 15 minutes chacune par semaine. Les premières séances ont été très intenses et très fatigantes. En réapprenant tous les sons phonétiques, puis phrases après phrases, j'ai réussi à retrouver un début de dialogue cohérent. Au terme des 6 mois, je pouvais tenir une conversation dans un environnement silencieux et avec une seule personne. Au bout d'un an, je pouvais converser dans un environnement raisonnablement bruyant (60 à 70 DB). J'ai dû continuer ma rééducation pendant 18 mois, via des programmes spécialisés sur internet, pour pouvoir envisager un retour dans la vie active. Dans mon cas, les acouphènes ne font pas bon ménage avec l’implant, la rééducation auditive a été longue et fatigante, mais aujourd'hui je peux communiquer avec mon entourage et ça, ce n'est pas rien ! Aujourd'hui, j'ai récupéré 70% de mon audition côté droit grâce à l'implant et, croyez moi, ça change la vie !

 

Aujourd'hui est une autre vie. Je peux me servir d'un téléphone, regarder la télévision sans sous-titrage, converser (presque) normalement et, surtout, cela a fait disparaître définitivement les acouphènes de mon oreille droite. Un véritable soulagement ! Ceux et celles qui en souffrent me comprendront. En revanche, ma maladie de Ménière est toujours là. Elle se traduit par des périodes acouphéniques plus importantes, et donc, plus fatigantes.

Un malheur n'arrivant jamais seul, mon oreille gauche me lâche un peu plus chaque jour. Un projet d'implantation sur mon oreille gauche est donc à l'ordre du jour.

Le choix de se faire implanter est très important et très personnel. De plus, chaque cas est unique et bien particulier. Cependant, si je devais donner mon avis, je conseillerais de bien peser le pour et le contre. De prendre en compte tous les critères de cette intervention. S'implanter nécessite une intervention chirurgicale et donc, comme toute intervention de ce genre, un risque réel dû à l'anesthésie, au rejet de l'implant et au choc opératoire. Tous ces cas restent, malgré tout, très rares. Je pense que cela en vaut vraiment la peine pour retrouver une vie normale.

Personnellement, je n'ai aucun regret sur mes décisions, et si l'implantation de mon oreille gauche peut se réaliser, alors je le ferais sans aucune hésitation.