En juin 2006, je suis allée en consultation ORL pour ma visite systématique : mon médecin me fait un audiogramme et m'annonce une mauvaise nouvelle : il existe une perte sur les aigus, plus prononcée à droite. Il me propose de rencontrer le Professeur TRUY, service ORL à l'hôpital Edouard Herriot à Lyon afin de voir s'il n'y aurait pas possibilité de recevoir un implant cochléaire.
Je rencontre le Professeur TRUY en octobre 2006 qui me donne des informations sur l'implant, les réussites, les examens pré implants obligatoires afin de connaître la qualité de la cochlée. Ces examens effectués en mars 2007 se sont bien déroulés (tests de l'équilibre, scanner, IRM) et je revois le Professeur en juin 2007 avec les résultats des examens. Après les avoir lus, examinés, il m'annonce qu'il me donne le feu vert pour l'implant, pour l'oreille droite en premier car c'est la moins bonne. Je devrais me réjouir mais j'ai simplement fait un sourire avec un petit air d'étonnement et je lui ai dit que je voulais y réfléchir dans un premier temps. Il accepte ma réticence et me propose de revenir le voir en automne.
L'été passe mais un événement particulier se produit : je demande le divorce ; je retourne consulter le Professeur comme convenu au mois d'octobre 2007 ; il est toujours d'accord pour cet implant, essaie de me convaincre. Mais en raison de mon état psychologique consécutif à mon divorce, il me laisse du temps jusqu'au printemps 2008.
Je me suis dit à ce moment là, que s'il insistait pour me revoir c'est qu'il voulait me faire comprendre que c'était une opportunité qui s'offrait à moi et qu'il fallait que je «me lance dans cette aventure», que je saute le pas : mais c'était plus fort que moi, je n'arrivais pas à prendre ma décision surtout qu'autour de moi, pas mal de personnes proches comme ma famille ou mes amis n'étaient pas très rassurés quand je leur parlais de ce projet. Des mois passent et je me pose toujours les mêmes questions : est ce que je me lance ou j'attends encore un peu ? Je me sentais très seule face à cette lourde décision mais qui d'autre pouvait décider à ma place. Je n'en voulais à personne mais quelque chose me retenait : la peur, la crainte...?
En mars 2008, je participe à une journée rencontre avec les sourds-malentendants qui sont scolarisés : cette journée avait pour but de parler de notre parcours scolaire et professionnel, d'échanger nos expériences ; les jeunes ne sachant pas tous quelle filière prendre par rapport à leur désir professionnel. Je revois des malentendants que j'avais rencontrés lors des précédentes journées-rencontres il y a 5-6 ans et ils se sont mariés, ont un ou deux enfants et travaillent ; j'étais heureuse de voir leur réussite professionnelle et familiale. Cette journée est sous le signe de la bonne étoile : je rencontre une jeune fille qui a été implantée en juillet 2007 par le Professeur, devinez qui ?, le Professeur TRUY ! Alors je prends l'opportunité de lui parler, de lui poser plusieurs questions et nous discutons bien ensemble ; elle me dit qu'elle entend mieux dans une ambiance bruyante, qu'elle comprend mieux les personnes, qu'elle entend de «nouveaux sons» car elle était sourde profonde au départ, et qu'elle est moins fatiguée : le déclic se produit. Tous ces éléments positifs ont fait que je me suis dit «pourquoi pas moi, j'ai l'opportunité, j'ai bientôt 40 ans, c'est maintenant ou jamais». Par la suite, je réfléchi encore beaucoup, je me pose beaucoup de questions sur les risques de l'opération, sur les résultats positifs ou non pour moi puis je me dis que si je fais cette démarche, c'est pour pouvoir continuer à travailler le plus longtemps possible, pour améliorer ma vie quotidienne avec mes enfants, mon entourage, mes amis. Il m'a fallu énormément de courage, de force pour me décider enfin à passer le cap ; l'amour et le soutien de ma maman et celui d'une amie qui m'est très chère avec qui je partage mes angoisses, mes questions, mes tristesses, m'ont été précieux.
Je rencontre à nouveau le Professeur TRUY en juin 2008, en présence de ma maman, pour lui poser les dernières questions avant l'intervention. On refait l'audiogramme qui est identique à celui de 2007, donc c'est toujours OK pour l'implant.
Le 25 septembre, je rencontre enfin le médecin audiophonologue, l'anesthésiste et le Professeur pour les derniers détails comme la date d'intervention, d'hospitalisation. Il tente de me rassurer, de me décontracter et m'encourage dans ma décision. L'intervention est prévue pour le 27 octobre ; il faut patienter encore un mois... mais cela me laisse du temps pour préparer mon remplacement à mon travail : j'ai formé une personne pendant 15 jours sur mon poste d'assistante médicale. D'ailleurs, je me suis rendue compte que j'aimais bien former les autres et que peut être que je me reconvertirai... dans mon travail. Pourquoi pas changer de métier ?!! Plus la date approche, plus je suis angoissée et plus j'ai l'impression d'hésiter ; mais je me dis sans cesse que c'est pour la bonne cause. Mes enfants sont avertis de ma décision qui a été bien acceptée par ma fille aînée mais mon fils était plus réticent car avait peur des risques, pour moi. Il ne faut plus que je recule, tout le monde m'encourage, me souhaite bonne chance.
Je suis hospitalisée la veille et pour faire passer la soirée, l'angoisse, je lis beaucoup. La nuit n'a pas été spécialement perturbée et le lendemain, il est prévu que je descende au bloc à 9H00. Ce qui est bien le cas, je suis entrée dans le bloc à 9H10 et j'ai vu 9H21 sur l'horloge au moment où on m'a mis le masque ; puis je me suis endormie. Je me réveille à 14H30 dans ma chambre aux côtés de ma maman venue pour me tenir compagnie ; je me suis souvenue que je me suis réveillée en salle de réveil, toute perdue, cherchant des repères, agitée, voulant paraît-il (une tierce personne me l'a dit) enlever le cathéter !!!! mais pas de panique, tout est rentré dans l'ordre !!
J'ai un gros bandage sur la tête, qui me serre bien sans me faire mal : c'est pour éviter un hématome. Ma maman est partie en fin d'après midi puis je me suis endormie jusqu'en début de soirée. J'ai eu une surprise : ma fille est venue me rendre visite : cela m'a fait très plaisir et mon fils lui a laissé un message pour moi comme quoi il ne préférait pas être dans le monde de l'hôpital et ne désirait pas me voir avec une grosse bande sur la tête... Je ne lui en ai pas voulu, il est jeune et je l'ai tout à fait compris. Comme je suis un peu vaseuse, ma fille m'aide pour mon dîner. Elle reste une petite heure auprès de moi. Le lendemain matin, dans la salle de soins, on m'enlève le bandage : ce fut un moment très émouvant ; l'infirmier regarde la cicatrice et pratique les soins nécessaires mais me dit surtout : «elle est très jolie votre cicatrice» et laisse la cicatrice à l'air. Quand je me suis levée pour aller à ma chambre, j'ai pleuré : je ne sais pas pourquoi si c'était de peur, d'angoisse, d'émotion mais c'était une étape bouleversante pour moi. Puis, je suis allée en radiologie pour faire une radio de contrôle. J'ai quitté le service en fin de matinée et suis allée voir le Professeur avec ma radio : il était très content de lui...
Je rentre chez moi en compagnie de ma maman qui reste quelque temps auprès de moi. 48H après mon intervention, j'étais en pleine forme !! J'ai même fait quelques magasins c'est pour dire... mais l'anesthésie a fait effet 4-5 jours après l'opération car je me sentais très fatiguée, sans force. Ce n'était pas grave, comme j'étais en convalescence, je me suis beaucoup reposée. 15 jours après l'intervention, les fils sur ma cicatrice tombent, il en reste 5-6 sur un total de 25, les cheveux commencent à repousser mais rien ne se voit à l'extérieur car j'ai des cheveux longs ; le chirurgien s'est arrangé pour ne pas tout raser !! La cicatrice commence à me démanger...!! Ce qui m'a été le plus pénible après l'opération, c'est de ne pas pouvoir me laver les cheveux pendant 15 jours car il faut que la cicatrice se fasse bien ; mais comme il y avait de la bétadine et de la «colle» dans mes cheveux, c'était en paquet, ça sentait un peu mais il fallait que je prenne mon mal en patience. N'y tenant plus, au bout d'une semaine d'intervention, ma mère me fait un mini shampooing avec du shampoing classique (non non, je ne plaisante pas !!) en faisant bien attention à ne pas mouiller la cicatrice (cela a été fait car les infirmières du service nous en ont parlé) : ah, comme je me sentais mieux ! Encore beaucoup plus quand j'ai fait mon super grand shampoing trois semaines après l'intervention !! J'avais l'impression de respirer... c'est drôle non...!
Je dois penser à reprendre mon travail : ce qui m'angoisse un peu c'est de devoir travailler pendant 3 semaines avec un seul côté qui «fonctionne», avec mon appareil numérique. Je travaille seule dans un bureau ; donc il y a très peu de bruit ce qui ne devrait pas trop me gêner pour dialoguer avec les personnes que je reçois. Mais je serai certainement très vite fatiguée après une journée de consultations. Heureusement, il n'y a pas trop d'appels téléphoniques. J'ai remarqué que quand je me trouvais dans une ambiance bruyante (grande surface, magasin, avec des enfants etc...) j'étais perturbée, déséquilibrée et je ne savais plus comment orienter mon attention, mon écoute. Malgré cela, ma maman et mes enfants ont trouvé que j'entendais mieux depuis que j'étais opérée !!! super non !!!mais en fait, mon cerveau est beaucoup plus sollicité et je dois peut être inconsciemment encore faire plus attention...
J'ai repris mon travail le 17 novembre et pour ma première journée, Maryse la remplaçante était là pour me donner des informations qui pouvaient m'être utiles pour les visites, les dossier des adhérents. J'étais angoissée certes, mais aussi déstabilisée, perturbée par le fait que je n'arrivais pas à orienter mon oreille vers la voix de mon interlocuteur, j'étais comme perdue. Il fallait que je tourne toujours la tête en direction de la personne qui me parlait. Gare au torticolis !! Dans l'après midi, la fatigue commençait à se faire sentir et j'ai quitté mon bureau à l'heure afin de pouvoir me reposer pendant ma soirée chez moi. Je me faisais du souci pour la journée où il y aurait des consultations avec 23 salariés avec qui je devrais faire attention pour bien comprendre. Attendons le 19 pour juger de ma journée de dialogue...
Finalement, j'ai été assez contente de cette journée de consultations car elle s'est bien déroulée. Je n'ai pas eu trop de difficultés à comprendre les salariés mis à part deux ou trois mais j'étais bien contente de moi ; ils sont tous venus à leur rendez-vous soit un total de 23 et j'étais fatiguée en milieu d'après midi mais quelle satisfaction !! La semaine prochaine je vais avoir trois journées de consultations bien remplies mais je vais les «affronter» sereinement et il n'y pas de raison que cela soit plus différent qu'avant.
Il ne reste plus que 15 jours avant la grande aventure : 1ère mise en route de l'implant et ma maman veut être spectatrice, témoin de mes émotions, des exploits et voir comment je vais réagir face à ce «nouveau monde des entendants»
Trois jours d'affilée de consultations ont été épuisantes pour moi : cela m'a demandé énormément d'attention, d'écoute, d'efforts pour suivre le dialogue de chaque salarié ; vers 15h, je commençais à sentir la fatigue ; je n'avais qu'une envie c'était de quitter mon bureau pour aller me reposer ou tout au moins, me retrouver dans le calme. Ce qui me rassurait, c'est que ma chef était satisfaite de moi, trouvait que je me débrouillais très bien, que j'arrivais à entendre malgré tout ; je me sentais soutenue aussi bien par ma chef que par ma collègue de travail.
Aujourd'hui, nous sommes le 28 novembre, et je me suis rendue à l'hôpital pour refaire l'empreinte de mon embout car je ne pouvais pas utiliser celui que j'avais déjà du fait que suite à l'opération, le conduit auditif n'avait plus la même forme qu'au départ. Ce n'est pas dramatique mais pour pouvoir mettre en route l'implant, il faut avoir un embout qui soit étanche et fasse pas mal en abîmant mon oreille. Par la même occasion, on m'a refait un audiogramme et le résultat obtenu est celui que j'attendais c'est à dire que je ne percevais plus tous les graves qui me restaient avant l'opération : mais rassurée puisque l'implant prendrait le relais... Mais, on m'a dit qu'il fallait attendre bien 3 mois après l'intervention pour juger exactement de mon audition restante. L'audiogramme a été fait également à gauche pour s'assurer de la stabilisation de l'audition et il n'était pas catastrophique. On m'a rassurée et on m'a dit que cela ne faisait que 5 semaines que l'implant était en place et que le résultat était plutôt satisfaisant. J'ai à nouveau rendez-vous dans 8 jours pour le jour J : mise en route de l'implant!!!! J'angoisse un peu car j'ai un peu peur du résultat ; c 'est à dire en fait de découvrir plein de sons nouveaux et/ou anciens. D'ailleurs, pour vraiment apprécier le résultat, être dans le monde «réel», j'ai demandé à ma maman d'aller passer le week-end, qui suit le 1er réglage, chez elle. J'ai envie de savourer cet instant en étant proche de ma mère, d'aller me balader dans la ville, dans la forêt pour entendre les chants d'oiseaux, le bruit des feuilles dans le vent, le bois qui craque sous mes pieds et de ne pas être seule au cas où j'aurais le blues...!!, le contre coup.
Jour J : vendredi 5 décembre ; 1er réglage de l'implant : tout d'abord je rencontre l'orthophoniste, fort sympathique, qui m'explique ce que je vais entendre aujourd'hui : des sons, des bruits mais je ne vais pas comprendre ; mon cerveau ne saura pas distinguer comme il faut le bruit ou le son, il faut qu'il s'habitue à l'implant en marche et qu'il analyse tel ou tel son afin de l'associer à la réalité. Je vais faire un audiogramme pour voir si j'ai récupéré un peu par rapport au précédent (en date du 28/11) : il n'y a pas eu d'amélioration. Puis, je passe dans une autre pièce pour procéder au réglage de l'implant. On me pose le boitier avec l'antenne aimantée sur l'implant puis le technicien envoie des sons pour lesquels je dois dire si cela est confortable, moyennement confortable, fort ou trop fort. Pour commencer, le technicien n'a pas mis trop fort pour que je ne me décourage pas trop vite et que je supporte une bonne partie de la journée l'implant en route. Il ne me met pas l'embout car il faut procéder étape par étape. Au bout de deux heures d'essais, on refait un audiogramme avec l'implant et dans la pièce où je me trouve, des sons sont envoyés dans les hauts parleurs. Il faut que je dise à quel moment je les entends. J'ai été satisfaite du résultat uniquement en voyant l'audiogramme dont la courbe était bien meilleure.
Puis, je suis rentrée chez moi un peu déçue car je n'entendais pas le bruit d'une voiture ou d'une moto, les voix des personnes que je croisais dans la rue, le bruit de l'eau qui coule, le son de la télévision. On m'avait bien avertie : mon cerveau doit s'habituer !
Il n'y a plus qu'à attendre 8 jours pour passer à l'étape suivante. Ma maman était déçue elle aussi car elle pensait que j'allais éclater de joie, que j'allais m'exprimer vivement dès que l'implant serait mis en route et finalement, c'était «banal»...
Le 12 décembre 2008 : 2ème réglage. Tout d'abord, le technicien me fait un audiogramme sans prothèse ni implant pour voir si j'ai récupéré par rapport à la semaine dernière : bonne nouvelle c'est un peu remonté. Puis nous passons au réglage : un peu plus fort et un peu plus d'aigus. Ça me perturbe un peu plus du fait qu'à gauche avec ma prothèse auditive, j'entends les graves uniquement. C'est supportable et nous refaisons un test phonétique cette fois : je ne mets en route que mon implant et je dois écouter des mots et dire le mot que je pense comprendre même si cela ne correspond pas. D'ailleurs, parfois, le technicien et moi-même rions quand je dit un mot qui n'est absolument pas bon. En tout cas, je suis bien contente du résultat car sur le nombre de mot énoncés (je ne sais pas exactement combien), j'ai un résultat de 20 à 30% de mots compris : c'est un très bon début après une seule semaine de mise en route de l'implant. J'ai rencontré également à nouveau l'orthophoniste qui m'a fait savoir qu'elle me trouvait fatiguée, que cela se voyait sur mon visage. Dès qu'elle a su que je portais l'implant tous les jours et toute la journée, elle m'a redit sincèrement que je pouvais l'enlever de temps en temps pour me reposer un peu...
L'orthophoniste me donne des devoirs à faire à la maison ! : avec mes enfants, je dois deviner les sons/bruits qu'ils me montrent dans un premier temps puis je ferme les yeux et je dis à quoi cela correspond : eh bien 100% juste !! Il y a eu surtout un son ou plutôt une mélodie que j'ai découverte avec bonheur : pour mon nouvel aménagement, mes enfants m'avaient offert un carillon qu'ils avaient fabriqué eux-mêmes. Je n'entendais pas le tintement avec mes prothèses auditives numériques alors que maintenant, avec mon implant, quelle joie d'entendre cette petite mélodie toute douce, très agréable à entendre ! J'appréciais énormément ce résultat.
Je commence à ne plus vouloir m'en passer surtout au travail car je me rends compte qu'au moment où les piles sont éteintes, je suis déséquilibrée, cela fait une sorte de vide, d'isolement.
Encore une étape à franchir pour le 3ème réglage et je suis certaine que cela va encore mieux aller que les deux fois précédentes. En tout cas, je sais que cela ne sera pas au top pour Noël mais que je vais tester mon implant pendant mon séjour de trois jours en Savoie, avec ma sœur à Noël et d'autres membres de ma famille. Attendons le verdict le 19 décembre.
Le 19 décembre 2008 : 3ème réglage. Le technicien met un peu plus fort et plus d'aigus/graves et refait un test avec un audiogramme. Avec la prothèse auditive + implant, j'ai compris 80 % des mots qui ont été énoncés dans les hauts parleurs (au total 100 mots). Le test avec l'implant uniquement n'a pas été concluant ; mais c'était trop tôt pour juger car je n'étais pas encore habituée à ce 3ème réglage.
Quand je rentre chez moi, quelle surprise s J''entends le tic tac de mon horloge qui se trouve dans mon salon (pas très agréable !!) et la sonnerie de mon téléphone quand je suis dans ma cuisine. Ma fille m'a dicté les voyelles et j'ai à 99% réussi à les reconnaître.
Pendant trois jours en Savoie, j'étais plutôt désemparée car je ne comprenais pas ce qui ce disait entre les membres de ma famille. C'était un brouhaha et j'étais vraiment très fatiguée. Cela m'a déçue mais on m'avait prévenue que la compréhension serait la même dans une ambiance bruyante ou dans une discussion à plusieurs avec l'implant. Les sons/bruits sont beaucoup plus nombreux avec l'implant qu'avec mes prothèses auditives. J'en suis contente mais il faut emmagasiner tout d'un coup !!
Pour l'instant, je ne peux pas dire que je perçois les mots, que je les identifie, c'est plutôt strident et cela me fait penser à une cassette en vitesse accélérée... J'espère qu'au prochain réglage prévu le 9 janvier prochain, je vais avoir mon embout et arriver à comprendre certains mots.
Le 9 janvier 2009 : un mois après la mise en route de mon implant : c'est de mieux en mieux paraît-il. On m'a mis l'embout : il n'y a pas de grande différence. On augmente la sensibilité, on améliore les réglages et l'équipe me refait un test : elle est contente du résultat : implant seul : je comprends entre 25 et 35 % des mots dictés ; implant + prothèse auditive : entre 65 et 75 %. Il est vrai que quand on voit les chiffres, on peut être content mais je crois que je suis un peu «pressée» d'entendre mieux...
Après 3 semaines, je suis de nouveau contente des résultats que je découvre à chaque séance chez mon orthophoniste. Bon, je ne peux toujours pas utiliser mon implant seul mais lors des exercices d'écoute des mots différents ou qui se ressemblent, j'obtiens un bon résultat de compréhension. J'arrive à trouver les mots de la liste que j'ai sous les yeux, ou ceux qui sont dictés au hasard. Cela me réjouit et me permet de persévérer encore.
La PATIENCE !! il en faut ! Même si je suis encore bien fatiguée avec tous les efforts que je dois fournir lors de l'écoute, des échanges, avec mon cerveau qui est sollicité à 100 %, je sens que mon implant m'est bien utile ; quand je l'enlève, il me manque beaucoup ; finalement, je le porte en continu tellement je l'oublie... Comme me l'a déjà conseillé Solveig, l'orthophoniste à HEH, je peux l'enlever à tout moment pour pouvoir me reposer un peu mais je n'en ai pas envie car j'en sens le besoin.... Elle m'a fait savoir que les résultats n'iraient pas plus vite !!! C'est tout même bon signe, si je le garde 12 à 14h par jour !!!
Je commence à évaluer les bruits à l'extérieur : j'entends au loin arriver un camion, une moto ou encore le bus que je prends pour aller à mon travail. Aussi, à mon travail, à chaque réglage, il y a la qualité du bruit des touches de mon clavier d'ordinateur qui est plus en plus précise : je suis assistante médicale et travaille sur ordinateur 8h par jour et le matin quand je commence mon travail, à chaque touche que j'enfonce, j'entends le clic.
Je suis contente car je perçois de mieux en mieux les bruits, les sons et je cherche à les reconnaître, à les identifier, à leur donner «une étiquette» pour donner un sens à ma vie. Une chose qui m'est difficile et m'attriste un peu, je n'arrive pas à entendre la radio dans ma voiture quand je conduis mais je ne désespère pas !! Je vais y arriver...
Le 6 mars 2009 : nouveau bilan, nouveau réglage. Solveig fait des tests en dictant les mots sans lecture labiale, d'abord, prothèse seule, puis implant seul et pour terminer prothèse + implant. Elle est très contente des résultats après 3 mois de mise en route de l'implant.
prothèse seule : environ 50 %
implant seul : 59 %
prothèse + implant : 74 %
Solveig m'a fait savoir qu'il faut au moins 18 mois voire 2 ans our obtenir des résultats parfaits donc, il ne faut pas précipiter les choses et il y a déjà de très bons résultats en ce qui me concerne.
Même si c'est encore un peu inaudible pour certains mots, je perçois tout de même le mot et je devine... en tout cas, les mots dans une phrase, sont plus faciles à cerner, que les mots isolés.
Des bruits/sons supplémentaires sont découverts suite au nouveau réglage : le tic tac du clignotant de ma voiture ; le capuchon de la bouteille qu'on frotte sur le sol carrelé ; la sirène des pompiers/de la police ; le miaulement ; quelques chants d'oiseaux ; le mixeur ; la sonnerie du micro ondes ; l'alarme du frigo quand la porte reste trop longtemps ouverte ; la bande annonce sur un quai de gare (dans les halls de gare, je ne comprends pas …) ; les gouttes d'eau sur mon parapluie ou sur la carrosserie; je fais maintenant encore mieux la différence entre une moto, une voiture et un gros gabarit.
Depuis un mois, je prends le train pour aller au travail et j'arrive à l'entendre au loin ainsi que la sonnerie de fermeture de porte du train.
Mais cela m'est encore très difficile d'écouter de la musique. Je ne reconnais pas les instruments de musique, ni la voix du chanteur ou de la chanteuse.
L'orthophoniste de l'équipe médicale m'a encore bien fait savoir qu'il fallait utiliser les deux prothèses... pour l'apprentissage afin que mon cerveau ne soit pas trop sollicité. Je trouve que mon cerveau a fait de très grands progrès... même si je m'obstine à dire que je n'ai pas le résultat que j'attendais !! je suis impatiente mais c'est dans mon caractère, et aujourd'hui je me dis qu'il faut positiver.... je ne vous cache pas que par moments je baisse les bras et que j'ai des moments de découragement... car il y a des périodes où je me sens seule, isolée du fait que je ne côtoie personne qui est dans le même cas que moi. Mais chaque matin, dès que je pose mon implant et le mets en route, j'ai un sentiment de bonheur qui m'envahit ; je me dis que chaque jour est une victoire et que ce cap est le plus beau cadeau qu'on m'ait offert.
L'équipe médicale vient de me communiquer mon prochain rendez-vous pour le réglage : il est fixé pour le 12 juin ; ma maman désire être présente pour partager mes impressions, mes joies et discuter avec l'équipe médicale.
Le 12 juin 2009
Ma maman ne sera pas là car entre temps j'ai rencontré un nouveau compagnon. Comme il m'accepte telle que je suis avec les handicaps, il a voulu être présent pour le réglage. C'est un monde nouveau pour lui mais il tenait à être présent pour me soutenir, partager mes sensations, ma joie.
A J6mois, nous avons un taux de compréhension prothèse + implant de 85 %!! C'est super même s'il y a encore des progrès à faire. J'entends le tic tac de ma mini pendule qui se trouve dans ma salle de bain. Je suis partie quelques jours en Normandie avec mon compagnon, et nous sommes allés au bord de la mer et quelle joie que j'ai ressentie : le chant des mouettes et le bruit des vagues : quel bonheur !!! J'avais un peu oublié comment c'était.
Puis je me suis remise à écouter un peu plus de musique, des chanteurs que je connaissais et je me suis rendue compte que je percevais un peu les instruments de musique, la voix du chanteur mais ce n'est pas encore très net. J'étais contente de mieux entendre la mélodie, le style de musique...
Le 25 septembre 2009 :
les résultats sont spectaculaires : un taux de compréhension prothèse + implant : 98% c'est incroyable !! je n'en revenais pas. Mais là quand nous avons fait la lecture des mots sans lecture labiale avec la prothèse uniquement, j'étais perdue ; j'ai même dit à l'orthophoniste que j'avais besoin de l'implant et que je n'arrivais plus à comprendre clairement, que c'était la catastrophe!!!
Quand je me trouve dans une pièce, j'entends quand on m'appelle au loin, je peux mieux communiquer lors des repas de famille, d'amis ; je supporte mieux le bruit (dans un gymnase, dans les supermarchés, dans les hall de gare etc...). Je dois même demander à mon compagnon de parler moins fort !!! c'est tout de même incroyable non !!!
Une fois j'ai écouté un feuilleton télévisé avec l'implant seul et le télétexte et j'ai été étonnée et contente de pouvoir suivre le dialogue des acteurs, de les comprendre même...
Il est vrai que maintenant je vis sereinement, j'arrive à ne plus trop penser à mon implant. Je me rends compte que je le garde tard le soir, je ne l'enlève qu'au moment de me coucher, chose que je ne faisais pas, il y a trois mois !! Mais le matin, je n'ai pas encore le réflexe de mettre en premier mon implant et discuter avec mon compagnon pour faire « travailler un peu plus mon cerveau »... Mais ceci n'est pas grave car il faut toujours garder la prothèse auditive active avec l'implant...
Une seule chose reste à résoudre : pouvoir utiliser le téléphone avec mon implant. Cela devrait vite se solutionner au prochain réglage prévu le 11 décembre prochain. En fait, mon implant ne possède pas un système de position T pour pouvoir téléphoner, c'est le DUET 2.
A mon travail, de par mon métier d'assistante médicale, j'utilise le téléphone et comme maintenant j'ai un peu plus de difficultés de compréhension avec ma prothèse, pour mieux comprendre mes interlocuteurs, je dialogue via le haut parleur et j'ai découvert que je me sentais plus à l'aise, que je comprenais mieux dans l'ensemble... Comme quoi, mon implant est indispensable !!!!
J'attends mon dernier réglage et la mise en route de l'apprentissage du téléphone avec le DUET 2. J'espère que tout va bien se passer, que je serai à l'aise, que je pourrai l'utiliser....
Aujourd'hui, je me sens bien, je vis bien avec, j'ai l'impression que je l'ai depuis toujours !!! c'est PHENOMENAL !!
Le 11 décembre 2009 :
Super !!! vraiment le DUET 2 donne une meilleure qualité de son ; j'ai plus de clarté, de netteté et j'entends des sons encore plus pointus comme un train à vive allure (le son aigu des roues sur les rails) ; j'entends avec plus de précision les touches tactiles sur mon portable ; la musique aussi est beaucoup mieux perçue, la mélodie est très agréable à entendre. J'ai l'impression que je supporte mieux les sifflements émis par mes enfants alors qu'avant, j'interdisais le sifflement à qui que ce soit.
Ce qui change encore plus ma vie, c'est qu'enfin je peux utiliser le téléphone fixe de mon domicile avec le DUET 2, en le mettant en position T avec ma télécommande.
Vraiment, c'est un grand Bonheur la vie avec un implant et j'ai eu beaucoup de chances par rapport à d'autres implantés qui ont plus de soucis, comme les acouphènes, les vertiges etc.... Moi, rien de tout ça, c'est génial !!!
En tout cas, si j'ai un conseil à donner aux futurs implantés, il ne faut pas hésiter : l'implantation apporte de très bons résultats ainsi qu'une meilleure qualité de vie tant familiale, professionnelle que personnelle.
Maintenant reste à savoir si on implante la deuxième oreille. L'équipe médicale de l'hôpital Edouard Herriot m'a bien expliqué qu'il fallait attendre entre 12 et 18 mois avant d'envisager une nouvelle intervention qui doit être justifiée par une perte d'audition sensible, une gêne dans la compréhension avec ma prothèse auditive.
Donc pour le moment, je reste avec un seul implant.
Bonne continuation pour les anciens et jeunes implantés. Bonne chance, bon courage pour les futurs implantés.
Karine FATÔME (41 ans) de DAGNEUX (AIN), implantée par le Prof TRUY à HEH de LYON, le 27/10/2008
P.S. : le 4 novembre 2010 : Ma décision est prise ! Je vais me faire poser le deuxième implant. Après un bilan orthophonique en juin 2010, les résultats ont été excellents : 100 % de compréhension avec l'implant seul. Nouvelle opération donc en 2011.
A bientôt sur le forum des implantés via le CISIC. Je répondrai à vos questions si je peux vous aider, vous rassurer.