"J’ai perdu l’ouïe à l’âge de 18 ans à la suite d’une méningite : après 2 jours de coma et 18 jours d’hospitalisation, je suis sortie sourde de l’hôpital."

Je me présente, je m’appelle Leila, je suis Marocaine, j’ai 35 ans. J’ai perdu l’ouie à l’age de 18 ans à la suite d’une méningite : après 2 jours de coma et 18 jours d’hospitalisation, je suis sortie sourde de l’hôpital.

Commence alors le parcours : tout d’abord les médecins ORL et les audioprothésistes au Maroc. J’étais désespérée, puis j’ai repris l’espoir. On m’appareille aux deux oreilles, mais l’audioprothésiste me conseille de porter les contours progressivement pour ne pas brusquer mes oreilles et pour m’habituer aux bruits.
Ma famille a été et est toujours ma plus grande aide dont je ne peux me passer, toujours a m’aider a m’intégrer dans les conversations, a me faire répéter la moindre phrase non comprise ou non assimilée. Je suis musulmane et croyante et je crois à la volonté de Dieu et dans toutes mes démarches Allah est là et veille.
Depuis donc l’age de 18 ans j’ai vécu pratiquement une surdité totale. Je lis très bien sur les lèvres (Français, Arabe et un peu anglais)

Puis en 1997, j’entends parler de l’implant cochléaire en visite au Liban, mais certaines connaissances ne me font pas l’éloge de la chirurgie dans ce pays. En 2000, je pars en France, je vois mon audioprothésiste, mais il ne me conseille pas l’implant. Ainsi en rentrant au Maroc, j’avais complètement éradiqué le mot implant. Ce n’est qu’en 2003 qu’un professeur en ORL me reparle de l’implant, mais cette fois ci en me donnant le nom de l’hôpital à Paris afin d’obtenir d’autres renseignements. C’est alors que je consulte le Pr. Meyer de l’Hôpital St Antoine, et Paris est une ville que je connais bien.
L’implant était pour moi synonyme d’inconnu, et d’opération a risques, mais cela s’avérait totalement faux. J’étais loin de ma famille, et j’angoissais pour la suite. Mais grâce a Dieu, l’association du CISIC, et l’aide d’autres implantés, j’ai pu reprendre confiance Je me suis dit que je n’avais rien a perdre, mon oreille gauche allait être implantée Inch Allah.
Le professeur diagnostique une otite, c’est à dire une infection. Je dois être soignée avant mon implantation donc 7 mois d’attente supplémentaire, et enfin l’opération est décidée en Octobre 2003.
Pour la simulation du nerf sous anesthésie locale, j’avoue que j’ai eu la plus grande peur de ma vie tellement j’étais seule. Mais juste après, j’ai fait la connaissance d’implantés et de l’association ce qui m’as permis d’être très sereine le jour de l’opération.
La suite s’est vite enchaînée : stimulation dont je gardes une vague impression. Après j’ai eu beaucoup de séances de rééducation : je ne me souviens pas leur nombre ! Et le Docteur Madame Claude Fugain a été plus qu’une phoniatre, mais un être humain plein de chaleur.
Le progrès s’est fait petit à petit : les sons agressifs du début ont vite commencé à diminuer. Le téléphone si je ne suis pas devenue accro, c’est qu’en l’espace de 17 ans de surdité j’avais perdu l’habitude mais ça n’empêche que j’arrive parfaitement à parler à ma famille au téléphone. Pour la télévision, les films français passent mieux mais pour l’arabe c’est plus difficile car il existe beaucoup de dialectes.
Un an après mon opération, je peux dire que si c’était à refaire je n’hésiterais pas. Je compare mon état actuel avec l’implant cochléaire à celui avec mes aides auditives lorsque j’entendais encore un peu, et non à celui ou j’entendais parfaitement.
Si je n’ai pas fait encore plus de progrès c’est en grande partie de ma faute à cause d’un manque de temps, mais en tout cas je suis plus que satisfaite de mon implant.
J’espère que mon témoignage apportera des réponses aux questions que tout futur implanté peut se poser, et que cela démontrera encore les possibilités de l’implant.