Le 21 Octobre 2016, le service d'implantation cochléaire de l’Hôpital Universitaire de Genève a invité le CISIC à venir visiter ses locaux et à échanger avec les équipes médicales et paramédicales.
QUELQUES CHIFFRES SUR LA SUISSE :
Suisse : population : 8 millions hab (en comparaison :France : 66.6 milions)
Superficie 42000 km2 (France : 11.5 millions de km2)
Capitale Berne
Etat fédéral qui compte 26 cantons autonomes
L’allemand est la 1ere langue (63%), Le français est la 2eme langue, l’italien la 3eme (8%)
L’espérance de vie : 82.8 ans
Le HUG (Hôpital Universitaire de Genève) est le 1er hôpital universitaire de Suisse en terme d'activité. Il regroupe les hôpitaux et les cliniques, qui représentent en tout 40 centres de soins pour tout le canton.
http://www.curic.ch/
En 2015, 27 implants cochléaires ont été posés au HUG, soit 369 au total depuis 1985, pour environ 2 tiers sur des adultes et 1 tiers sur des enfants.
En Suisse, seuls 5 centres sont autorisés à poser des implants et à en assurer le suivi, ce qui porte à 2 500 le nombre d'implantés, sur une population de 8 millions d'habitants. A titre de comparaison, la Suisse pose de 150 à 200 implants par an alors qu'en France on en pose une centaine par mois. Les indications d'implantation sont sensiblement les mêmes qu'en France, toutefois leurs ORL adressent plus souvent et plus facilement leurs patients vers les Centres d'implantation.
Lors de cette visite, le Dr. Angelica Perez Fornos et le Dr Pascal Senn qui dirigent le Centre Universitaire Romand d’Implants Cochléaires (CURIC), nous ont longuement détaillé leur organisation très singulière avec notamment une équipe d’ingénieurs biomédicaux du Centre qui effectuent eux-mêmes les réglages. Cette proximité entre ingénieurs et médecins leur permet également d'explorer différentes pistes de recherches dont notamment celle d'un implant cochléo-vestibulaire.
Le CURIC travaille étroitement avec les écoles pour enfants sourds et tend à leur intégration dans des classes de "normo-entendants"; le dépistage néonatal ainsi que dans les écoles permet une prise en charge rapide lorsqu'elle est jugée nécessaire.
A Genève, la prise en charge pré-implantation est aussi importante que celle de la post-implantation. Aussi le suivi des réglages est assuré par des ingénieurs biomédicaux intégrés au sein de l’équipe.
Ceux ci proposent une première séance 3 à 4 semaines après l'intervention, puis 2 jours plus tard, puis 1 à 2 fois par semaine selon les besoins pendant quelques mois, et enfin 1 fois par an si tout est satisfaisant.
Les ingénieurs du centre d’implantation restent les interlocuteurs privilégiés pour tous problèmes techniques avant le fabricant, le processeur est garanti 3 ans et pris en charge par l’assurance invalidité et l’assurance maladie en cas de panne. Le renouvellement du processeur est autorisé tous les 6 ans. Les délais d’enregistrement des nouveaux dispositifs médicaux en Suisse sont de 2 à 3 semaines maximum, contrairement à la France , qui prend 12 à 18 mois.
En ce qui concerne les enfants, le Centre tente de nouvelles stratégies, comme un logiciel sur tablette par exemple, pour un accompagnement plus ludique.
Le Dr Pascal Senn nous a également présenté différents projets de recherches du CURIC.
L'équipe du CURIC composée de médecins et d’ingénieurs biomédicaux travaille au développement de neuro-prothèses permettant la réhabilitation fonctionnelle des déficits sensoriels de l'oreille interne.
En effet, l'implant cochléaire est un outil très efficace pour la réhabilitation des surdités bilatérales profondes. Toutefois, il reste insuffisant dans certaines situations, par exemple la perception du langage dans le bruit et la localisation des sons dans l'espace. Le CURIC cherche des stratégies qui permettent de surseoir à ces manques et de restaurer une audition artificielle aussi proche que possible de la normale. Un autre domaine de recherche vise à développer une prothèse dont tous les éléments sont implantés.
Par sa fonction vestibulaire, l'oreille interne est un organe essentiel au maintien de l'équilibre. Sur le modèle de l’implant cochléaire pour restituer l'audition, le Pr Jean-Philippe Guyot du CURIC a initié et dirige une recherche dont le but est de restituer cette fonction d’équilibre par un implant vestibulaire chez les patients souffrant d'un déficit des deux oreilles. Dans un premier temps, des techniques chirurgicales ont été conçues pour placer des électrodes au contact du système vestibulaire. Puis des stratégies de stimulation électrique ont été élaborées. Genève a été le premier groupe au monde à démontrer qu'une réhabilitation fonctionnelle par implant vestibulaire était possible chez l'homme. Cette première mondiale a été publiée dans Frontiers in neurology en avril 2014. Ces résultats, obtenus en laboratoire, sont très encourageants et laissent espérer une application clinique d'ici quelques petites années. Afin d'accélérer ce développement, nous avons invité une équipe de chercheurs de Maastricht aux Pays Bas à y participer.
Des recherches sont également en cours sur les traitements médicamenteux. Des essais sont en cours permettant d’injecter de la cortisone dans l'oreille interne. Cela fonctionne pour certains patients, mais pas pour tous. Il y a 2 projets européens de recherche de régénération de l'oreille, un en contexte avec des implants, l'autre avec des cellules souches. Les oncologues sont aussi impliqués, car avec la cisplatine, traitement anti-cancéreux, il y a un risque de destruction de l'oreille interne. Des recherches sont en cours sur un traitement préventif.
Au terme de notre journée de visite du service d'implantation du HUG, le Dr Angelica Perez Fornos, ainsi que son équipe, se sont montres très intéressés par notre travail, et souhaiteraient mettre en place une antenne CISIC.
Nous tenons à les remercier très chaleureusement pour leur accueil et leur disponibilité lors de cette visite ainsi que les représentants de la société Advanced Bionics qui nous ont accompagnées ce jour là.