Quelles périodes extraordinaires ! Entre adaptation au confinement puis au déconfinement, nous
nous devons d’être assez flexibles !
J’ai dû énormément adapter mon activité d’orthophoniste en libéral – et cela comme tous mes
collègues - et d’enseignante à l’école d’orthophonie de Lyon.
Après avoir exercé plusieurs années au centre d’implantation cochléaire de Lyon, je travaille en
libéral actuellement auprès de patients sourds principalement (implantés, appareillés, surdité
unilatérale non appareillée), petits et grands, mais également auprès des patients adultes ayant
des difficultés cognitives et mnésiques, des patients avec troubles Dys, des importants retards de
parole et de langage, des troubles vocaux, des troubles envahissants du développement…
Dans un premier temps, nous avons dû suspendre les séances au cabinet, aucune obligation mais
un choix personnel (choix suivi par la plupart des orthophonistes) afin d’éviter tout risque de
propagation de la covid19.


Pendant cette période, la téléorthophonie n’existait pas et j’ai pu maintenir le lien avec la plupart
de mes patients en leur proposant des activités, en les écoutant, en les accompagnant par mail
essentiellement : ces échanges ont été des moments riches, échanges que nous poursuivons
encore aujourd’hui.
Je me suis ensuite essayée à la téléorthophonie lorsque celle-ci a été autorisée par le
gouvernement, avec doutes et appréhension au début, je l’avoue, (comment exercer l’orthophonie
sans être proche du patient ? Comment gérer le matériel informatique ? Quelles activités
proposées et comment les adapter ?… ).
Patients comme orthophonistes avons dû nous adapter à l’outil informatique, à la caméra, à la
distance… mais cela est finalement possible et peut-être un outil intéressant dans certaines
situations. En tous cas, cela nous a bien tous rassuré, les premiers regards ont été émouvants
voire rigolos et tout le monde a bien suivi. Cependant, il n’est pas toujours possible de proposer
des séances à tous les patients, notamment pour les pathologies autistiques ou avec les patients
qui ne gèrent pas l’outil informatique voire qui n’en n’ont pas.
Un travail en présentiel est maintenant possible depuis le 11 mai mais encore fallait-il être bien
équipée et ils nous a fallu attendre, mes collègues et moi-même, afin d’avoir des masques, du gel
hydro alcoolique, un hygiaphone et réorganiser tous les locaux ainsi que l’emploi du temps
(espacer tous les RDV afin d’éviter les croisements dans les couloirs et avoir le temps de nettoyer
les bureaux entre chaque patient). Nous nous sommes aussi beaucoup questionnées sur le port du
masque cachant une grande partie du visage alors que l’expressivité et la lecture labiale sont
primordiales dans notre profession. Visières, plexiglass et masques avec transparence au niveau de
la bouche vont nous aider !
Quant à mon exercice en tant qu’enseignante, j’ai dû la modifier également à savoir changer tous
mes TD qui devaient être dispensés en présentiel et les adapter, supprimer les oraux et les
organiser en visuoconférence... L’accompagnement des étudiants a donc été possible, et
heureusement, mais il a aussi fallu beaucoup de temps, de réflexion, de flexibilité et de stress
aussi. Le comité directeur a aussi dû réfléchir à la présentation des examens, des mémoires, du
parcours sup et nous, professeurs, avons essayé de nous adapter à ces nouvelles configurations.
Je suis également formatrice auprès des orthophonistes sur la surdité, et les formations ont dû être
annulées, reportées ou proposées en visuoconférence.
J’ai oublié de vous dire aussi que je suis bénévole dans l’association Audition Solidarité. Nous avons
dû évidemment annuler notre mission à l’étranger auprès des enfants sourds et celles en France,
auprès des adultes sans couverture sociale. Nous espérons pouvoir rapidement retourner sur le
terrain et appareiller gratuitement toutes ces personnes.
Ce confinement nous a fait nous adapter, mais aussi évoluer, réfléchir, faire preuve d’ingéniosité,
prendre du temps pour soi et pour les autres, faire encore plus preuve de bienveillance et renforcer
des liens familiaux, amicaux et professionnel : ce sont des actes et des qualités que nous avions
peut-être oubliés mais qui resteront je l’espère. En tous cas, cela nous amène à réfléchir sur la vie
et sur nous-même.
Claire, le 19.05.2020