"Jusqu’a l’âge de 7 ans, j’ai parfaitement entendu."

 

Vendredi 05 juillet : l'opération

Mardi 16 juillet : 1er réglage

Mercredi 24 juillet

Son histoire avant l'implant...

Laurence et son chat ...

Jusqu’a l’age de 7 ans, j’ai parfaitement entendu. D’après ma mère, j’avais l’oreille tellement fine bébé que je sursautais lorsque j’entendais un bruit tenu dehors alors que nous habitions au 6eme étage.

J’ai une soeur qui n’a aucun problème.

Dans ma famille, du coté de mon père, il y a des problèmes génétiques de surdité. Il est devenu complètement sourd, sa soeur également ainsi que leur mère ( ma grand-mère paternelle ) et mon arrière arrière grand-mère, ensuite je ne sais pas. Cela peut sauter des générations. d’après un médecin, c’est un gêne qui détruit l’oreille interne plus rapidement que la normale.

A l’age de 11 ans, j’ai été appareillée à l’oreille droite.

J’ai suivi une scolarité normale jusqu’au bac que je n’ai pas passé mais ceci n’a plus rien à voir avec ma surdité.

Pendant quelques années, je ne voulais plus mettre d’appareil afin d’être comme les autres. Les joies de l’adolescence..

Puis a 19 ans, j’ai eu un intra, toujours sur l’oreille droite et ensuite au fil des années 2 contours mais uniquement sur une seule oreille alors que les deux sont atteintes. je n’avais jamais les moyens d’en avoir deux.

j’ai deux enfants de 10 et 4 ans qui entendent et pour moi ça n’a pas de prix.

J’ai découvert par hasard l’implant cochléaire en lisant un article dans le journal. Tous les ORL que j’ai vus m’ont toujours dit qu’il n’y avait rien a faire pour moi, que je serais complètement sourde un jour et bon courage mademoiselle... il faut faire avec.

Sur Internet, je me lançais à la recherche de l’implant. j’ai absorbé énormément de témoignages, d’articles etc. et je suis tombée sur celui de catherine.

J’ai pris contact avec elle .

La suite est simple. J’ai eu un rendez vous très rapidement sur Paris avec le professeur Meyer. c’était le 24 avril. J’avais pu entre temps passer un scan et l’irm, je l’ai fait ensuite en mai.

Le 24 avril, j’apprenais ma date d’opération.

En attendant cette date, j’ai fait le vide dans ma tête et j’ai mis cette opération de coté.

Les deux mois ne m’ont pas paru long car je n’y songeais pas et je n’avais pas peur.

Lundi 10 juin

Retour à paris pour un test VNG et voir l’anesthésiste.

Tout se passe bien, je passe les derniers tests avec succès et je suis soulagée. Plus rien maintenant ne fera obstacle à mon opération.

vendredi 05 juillet

je vais chez le coiffeur avec ma fille et je me fais couper les cheveux très courts. ça sera toujours ça de moins a laver. je me prépare pour le grand jour.

Lundi 08 juillet

j’arrive à paris en début d’après midi et je me rends directement à l’hôpital. J’ai un super moral et j’ai la chance également de rencontrer le professeur Meyer qui me rassure complètement.

Je ne m’en fais pas et pourtant, je suis plutôt du genre anxieuse. je pense déjà à l’après, à comment je vais entendre etc...

mardi 09 juillet

On vient me chercher à 8h30. L’opération se passe bien mais le réveil a été douloureux.

je suis prise de vertiges violents et je ne peux même pas m’asseoir sans que ça tangue.

Pendant 24 heures, je me sens vraiment dans le cirage.

Je ne m’attendais pas à des souffrances. heureusement , on me donne des anti-douleurs mais c’est dur tout de même.

Mercredi 10 juillet

je vais un peu mieux mais j’ai toujours ces handicapants vertiges qui ne me quittent pas. Mon estomac fait le yo-yo, je suis mal et toujours un peu ailleurs. je ne quitte pas ma chambre, n’en ayant ni l’envie ni le courage. ça tangue trop et avec la perf, pas évident.

Jeudi 11 juillet

Je vais mieux enfin. On me retire la perf et le drain. J’ai une infirmière adorable qui a des doigts de fée : katia. Elle ne me fait aucun mal, prenant tout son temps alors que je m’attendais à souffrir mille maux : je suis du genre douillette et je le dis !

Mes vertiges s’atténuent, passant à 20 pour cent mais c’est tout de même encore gênant.

d’après le professeur Meyer, cela durera environ 8-10 jours. Ca me parait long et loin.

vendredi 12 juillet

Je sors dans le couloir, je marche beaucoup car ça m’aide à oublier les vertiges qui sont présents. A part cela, mon estomac me joue toujours des tours et comme je dois descendre au rez de chaussée, je prends les escaliers. l’ascenseur est trop éprouvant.

Je me sens mieux et mon moral remonte.

Samedi 13 juillet

En me baladant le matin dans le couloir, je croise le professeur Meyer et je lui demande ma date de sortie. ça sera pour le jour même car la sécurité sociale a refusé ma prise en charge sur Paris, arguant le fait que je pouvais aller à Bordeaux qui est a 75 km de chez moi. C’est ce qui motive la décision du professeur Meyer de me faire sortir rapidement au cas où en appel, la sécurité sociale refuse toujours la prise en charge.

je sors donc mais je dois revenir le lundi matin pour me faire retirer les fils.

En me baladant dans le couloir, je sens poindre en moi l’envie d’une nouvelle naissance. Je me dis qu’il y a eu un avant et qu’il y aura un après.

dehors, c’est la joie. je vais chez ma tante, je suis bien et je me sens revivre même si a l’hôpital, le personnel est vraiment adorable.

Lundi 15 juillet

Je vais voir mon infirmière préférée qui prend tout son temps pour me retirer les fils. un peu de douleurs mais rien de vraiment impressionnant. je vous l’ai dit, elle a des doigts de fée et une gentillesse à toute épreuve.

J’ai un rendez vous le lendemain avec Anne-Dominique pour un premier test.

Le doute m’assaille : et si les électrodes ne marchaient pas ? ça c’est déjà vu et du coup, je passe une nuit blanche mais avec une certitude. Si ça ne marche pas, je recommence. pas question de laisser tomber.

mardi 16 juillet

premier test . j’ai mis longtemps à comprendre que les sons que j’entendais ne venaient pas de mon imagination mais bien de l’implant. Le réglage a duré plus d’une heure. pas évident de dire ce que l’on entend, si c’est fort et supportable etc... j’ai perdu l’habitude et elle ne revient pas comme ça.

j’en ressors fatiguée et un peu désorientée mais soulagée. les électrodes marchent et je n’aurais pas à subir une autre opération.

je me lave les cheveux le soir même. ça fait du bien. J’y vais doucement mais ma cicatrice est parfaite et tout est bien cicatrisé.

mercredi 17 juillet

Nouveau réglage. La je vois également Mme Fugain. Au début les bips, toujours difficiles à cerner et à dire vraiment ce que je ressens et ce que j’entends.

Puis les voix..;alors la gros choc et peur immense. ma voix déjà que je trouve atroce et du coup, je deviens muette. m’entendre est un supplice. j’essaye de parler le plus bas possible car vraiment, je ne peux pas.

Celle de Claude Fugain je la trouve rauque et bizarre. le réglage est long puis je sors avec le contour. Je descends à la cafétéria et je remonte. des bruits partout mais qui ne me semblent pas vraiment différents de mon appareil ( je suis appareillée à gauche actuellement et l’implant a été effectué à droite ).

je situe bien les sons et je sais ce qu’ils veulent dire.

je ne suis toujours pas convaincue. Par contre, j’avais tellement peur que le réglage est au minimum. Du coup, je n’entends pas les voix et ça me stresse.

Mais Claude Fugain me rassure : c’est normal car le réglage est trop bas.

je rends le contour et je rentre chez moi dans le sud ouest. j’ai besoin de cette coupure, de revoir mes enfants, mon compagnon et de retrouver la campagne. la ville, très peu pour moi.

J’ai rendez vous le lundi suivant a saint Antoine pour un nouveau réglage et l’après midi je vais voir Mme Fugain a son cabinet.

j’imagine qu’elle a du me trouver un peu spéciale car j’avoue, je n’ai pas vraiment été coopérative. je ne pouvais pas. je transpirais tellement j’étais stressée. J’étais mal et je l’ai montré.

Vendredi 19 juillet

Je suis chez moi, j’ai retrouvé ma vie et je me sens bien. les vertiges appartiennent presque au passé. Revenir sur paris ne me dit rien car je ne suis toujours pas convaincue de l’implant mais mon billet est pris, ma chambre retenue à la croisée et j’ai envie d’entendre. je n’ai pas fait tout ce chemin pour rien. Mon moral est bas, je ne sais pas, je ne m’attendais pas à ça, que tout soit si difficile. je pensais que tout serait magique or il n’en est rien. Je suis en plein dans la réalité et ça fait mal.


Lundi 22 juillet

Je suis à paris et j’ai eu un nouveau réglage. ce n’est pas encore ça ! Je dois faire d’énormes efforts pour entendre et pour moi qui suis plutôt feignante, c’est difficile. Lucille m’a dit des mots, je les ai compris ... au moins un premier pas.

Mercredi 24 juillet

ça y est ! enfin !!!! ce réglage est bon ! j’entends les voix sans me concentrer au maximum . par contre, certains sont vraiment “durs” genre les sacs en plastiques que l’on froisse, le papier d’aluminium, l’eau qui coule et les mobylettes ! la rééducation avec Claude se poursuit.

vendredi 02 août

Dernier jour de rééducation. cet après midi, je repars chez moi. Après un mois passé sur paris ( entrecoupé d’aller et retour ) c’est fini... enfin c’est vite dit. Je devrais revenir en septembre. depuis mardi, Claude me lit le journal. C’est plus du tout pareil... il faut vraiment faire attention et aussi s’intéresser a l’article, ce qui n’est pas évident... du moins pour moi.
Mais j’ai mis ma prothèse au rebut depuis le 24 juillet. l’implant m’apporte tellement de sons et de richesses qu’il me suffit. d’ailleurs, avec la prothèse, les sons sont différents. Ils sont plus fades en un mot.

Samedi 24 août

Un mois et demi après mon implantation, j’ai fait des progrès ... avec un téléphone normal ( sans haut parleur et sans réglage de volume ) j’ai entendu une conversation pendant 5 minutes. Pour moi, c’est le début du bonheur ! C’était une maman d’une amie de ma fille qui ne savait pas que je n’entendais pas et je ne lui ai rien dit. j’étais vraiment contente.
J'ai fait également 2 concours par téléphone ( je suis une vraie fan de concours ) et non seulement j'ai tout entendu mais en plus j'ai gagné ! c'était la première fois que j'entendais une telle voix enregistrée et surtout que je pouvais COMPRENDRE ...
J’ai été revoir une amie également et nous avons conversé pendant 4 heures sans problèmes. je l’ai entendu alors qu’elle était au fin fond de sa maison et comprise sans problème.
le son des sacs en plastique s’atténuent. Ils me deviennent presque familiers. je fais encore attention en tournant les pages du journal ( car ça fait aussi du bruit ) et de froisser le papier d’alu ne me choque plus.
Dans la voiture, on peut me parler dans le noir alors qu’avant, il fallait allumer le plafonnier ou attendre d’être sous un lampadaire !
Qu’est ce qu’il y a comme bruits finalement même a la campagne. En fait, ça n’arrête pas. je ne crie plus après les enfants et pour leur malheur, j’entends ce qu’ils marmonnent derrière mon dos lorsqu’ils sont punis.
ma fille a beaucoup de mal a s’habituer au fait que dans la voiture, lorsque je conduis, je ne la regarde plus. Elle a 10 ans et depuis toute petite, je devais bien la regarder  même si la lecture labiale n’était pas mon fort. Et depuis août, ce n’est plus la peine. Elle me parle aussi d’une autre pièce et j’entends toujours ce qu’elle veut.
Nicolas aussi, lorsqu’il m’appelle, je le comprends et ce n’est pas obligatoirement a deux pas de moi. C’est un vrai régal de les comprendre sans les faire répéter deux ou trois fois.
l’aimant me faire encore mal aussi j’ai toujours mon rond de compresse entre l’aimant et la peau car sinon ça tire, ça pique et ce toutes les 15 minutes...
jeudi, nous avons été en famille au puy du fou en vendée. j’ai compris 60 pour cent des mots... et ce n’était pas du tout facile, vu qu’il n’y avait aucun repère ni quelqu’un a regarder ( c’était retransmis par d’excellents hauts parleurs ). Morgane qui passait son temps a me répéter ce qu’elle entendait s’est faite rabrouer ! j’ai passé une très bonne journée... maintenant, je vais tenter le Futuroscope et
je verrais la différence avec “l’avant” ...
par contre, j’ai pas mal de baisses de sons de l’implant en milieu très bruyant. par exemple, si la machine a laver tourne a grande vitesse, l’implant se baisse... et du coup, les voix aussi... et pour entendre, je dois redoubler d’efforts. j’en parlerai avec Claude en septembre.

Si c’était a refaire, je le referais... même avec les vertiges, même avec mes baisses de moral etc...
ce que je sais, c’est que j’ai de moins en moins besoin de ma fille pour remplacer mon oreille et je peux enfin la laisser respirer.
Elle m’a simplement dit : “mais alors a quoi je vais servir ?”

Merci de tout mon cœur au professeur Meyer et à Claude Fugain de m’avoir donné une si belle seconde vie !                                   

A Catherine et Marie pour leurs aides, leurs amitiés et leurs gentillesses.

Laurence - nucléus - esprit 3G